LA VIE ET L’OEUVRE
L’artiste résume en quelques mots les grandes périodes de son parcours :
“Professeur de la Ville de Paris, j’ai enseigné pendant quarante ans et vendu mes paysages jusqu’à l’âge de quatre-vingts ans ; puis, je voulus perdre mémoire et, désormais, je peins en abstrait mes rêves, mes errances et le Bien et le Mal qui règnent sur la Terre.”
Henriette Huchard est née en 1908 à Paris chez ses grands-parents. Ses parents habitent Villeneuve-Saint-Georges, commune située non loin de Paris. A l’âge de six ans, elle demande sa première boîte de peinture pour rester tranquille aux côtés de sa mère qui coud l’uniforme de son père partant sur le front. Dès 1923, elle obtient ses premiers prix de dessin et d’aquarelle à l’Association Philotechnique de Villeneuve-Saint-Georges. Son père, autodidacte, contremaître d’une miroiterie à Paris, invente des machines pour le biseautage des glaces ; sa mère fut quelque temps couturière chez Jeanne Lanvin.
En 1926, elle épouse, très jeune, Lucien Huchard, dessinateur lithographe, qui sera un allié précieux dans son travail. Ils ont en commun la passion de l’Art et partageront pendant soixante-sept années cette même passion. Individuellement et ensemble, leurs œuvres illustrent un énorme travail de recherche, d’expériences et de techniques artistiques. Pleins de créativité, d’enthousiasme et de générosité, ils habitent des lieux qu’ils rendent chaleureux (l’atelier d’artiste du 26 de la rue des Plantes à Paris 14ème et la maison du Val de Loire).
Henriette Huchard entre à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier de Lucien Simon aux côtés de Brayer, Despierre, Fontanarosa, Humblot. Primée aux concours généraux de la Ville de Paris avec notamment un premier prix de ronde-bosse et médaillée des Beaux-Arts, elle réussit les professorats de dessin de l’Etat et celui de la Ville de Paris en 1935.
Henriette Huchard contribue à la décoration du Pavillon Bretagne de l’exposition Universelle de 1937 à Paris. Elle obtient une bourse de voyage au Maroc : en juin 1939, elle part avec son époux Lucien à Marrakech mais leur séjour est interrompu par la déclaration de guerre.
Depuis 1935, elle grave elle-même avec l’aide de son époux, ses dessins sur des pièces en verre qu’elle décore de rehauts de couleurs : miroirs de toutes formes, damier, bijoux, table, paravent, jeu d’échecs, sous-main, assiette. Elle expose ses œuvres dans plusieurs salons : Salons des Artistes Décorateurs, Salons de l’Imagerie, Salon de Lyon. Son échiquier est ainsi primé, à Paris en 1939, au Salon des Artistes Décorateurs et Salon de la Lumière. Elle est nommée membre du jury de l’Imagerie, organisatrice de la section Pédagogie.
Henriette Huchard consacre quarante ans de sa vie à l’enseignement du dessin principalement dans le 14ème arrondissement de Paris. Durant toutes ces années, elle aide patiemment les jeunes des “cours de perfectionnement” à sortir de leurs handicaps et difficultés par le dessin. Elle leur dévoue temps et énergie et organise des expositions présentant d’immenses panneaux décoratifs qui enthousiasment tous les publics. Ses méthodes pédagogiques sont reconnues et reçoivent les félicitations de l’Enseignement public et du maire du 14ème arrondissement. En 1961, elle est nommée à l’ordre des Palmes Académiques
Tout au long de sa vie, son art du dessin et des couleurs s’exprime sous de multiples facettes : en termes de composants graphiques, de supports, de matières. Henriette Huchard a une maîtrise exceptionnelle de la gouache.
Peintre essentiellement de plein air jusque dans les années 1970, Henriette Huchard peint des paysages, des villages et scènes choisies aux horizons variés rencontrés au cours de voyages à l’étranger (bassin méditerranéen jusqu’au Liban et en Egypte, Inde, Amérique du nord et centrale) et lors de ses séjours en Val de Loire, Auvergne et Provence. Elle saisit les colorations variées et fugitives de la nature et des constructions ; elle fixe ces scènes à l’état d’œuvre presque définitive. Elle travaille peu en atelier à l’exception de la représentation de bouquets de fleur.
Mais lorsqu’elle prend sa retraite en 1973, le travail d’atelier remplace en majeure partie celui de l’enseignement du dessin. La peinture à l’huile remplace aussi la gouache qu’elle retrouvera dans les années 1990. Elle retravaille ses paysages de plein air et imagine des compositions, ponctuées par des lignes de force où “chaque œuvre est le résultat d’une étude poussée du rapport des formes et des proportions, ce qui donne un grand équilibre et beaucoup de présence. Cependant, la délicatesse et la sensibilité ne sont pas absentes….” D’autres thèmes, outre les paysages et les bouquets de fleurs, sont présents dans son œuvre figurative : clowns, mannequins, personnages mythiques, Sainte dont elle fait une peinture murale de 35 m2 en 1985.
Henriette Huchard travaille d’autres matières que la peinture et s’exprime notamment par la gravure, le modelage, les émaux et la tapisserie dont l’un des cartons a été édité par un atelier d’Aubusson. Elle exécute aussi à la main au point d’Aubusson la reproduction de ses cartons avec l’aide de son époux, Lucien, qui jouera un rôle important dans la réalisation des œuvres de très grand format. Avec maîtrise et minutie, elle grave des plaques de cuivre utilisant les techniques de l’eau-forte et de la pointe sèche. Les épreuves témoignent aussi de son imagination poétique souvent proche du fantastique.
L’artiste participe à des salons et expositions (cf. rubrique Expositions-Distinctions) et vend un grand nombre d’œuvres appartenant à des collections françaises et étrangères :
- objets en verre gravé dans les années trente,
- décorations murales, notamment les deux panneaux d’aluminium de 7 m par 3 m chacun qui ornaient le grand Salon Touriste du paquebot France réalisées en 1971,
- gouaches et huiles à partir des années 1975 jusqu’à la fin de sa vie.
Elle obtient prix et médailles pour ses œuvres et son parcours. (cf. rubrique Expositions-Distinctions)
Les années 90 marquent une évolution dans son art passant de la figuration à l’abstraction. L’artiste affirme avoir oublié le dessin et trouve dans l’abstraction un nouveau mode d’expression.
Elle réalise à profusion des œuvres généralement sur papier, toutes de mêmes dimensions associant parfois la gouache, une matière qu’elle travaille de manière originale, en épaisseur, avec des matériaux collés.
Henriette Huchard crée des constructions qui transposent les choses extérieures et celles de l’esprit dans un espace abstrait qu’elle rythme par des lignes de force et quelques signes figuratifs. Chaque œuvre révèle un équilibre de formes rythmées et de couleurs aux harmonies intenses ou subtiles. Sa démarche réunit réflexion intellectuelle, artistique et spontanéité.
Chaque tableau est l’expression d’un thème ou d’un sujet qu’indiquent sobrement des éléments figuratifs et symboliques. Henriette Huchard veut composer son œuvre de telle sorte que le sens émane aussi de la façon dont ces signes s’articulent dans la construction de l’ensemble. Au cours de cette dernière période (1990-2007), tous les thèmes et les sujets se retrouvent périodiquement : elle traduit ainsi non seulement ses états d’âme, ses idées, ses rencontres, … mais aussi les faits de société et les terreurs de ce monde.
En 2007, Henriette Huchard qui aurait eu quatre-vingt-dix-neuf ans le 17 mai, travaille encore quelques heures par jour. Son œuvre est interrompue fin avril par une pneumonie qui l’emporte.
Elle repose au cimetière du Montparnasse, auprès de côtés de son époux Lucien Huchard, disparu en 1993.
EXPOSITIONS – DISTINCTIONS
EXPOSITION PARTICULIÈRE À LA GALERIE MONTPARNASSE PARIS 14ÈME EN SEPTEMBRE 2007
La galerie a présenté 22 gouaches et collages de la dernière période (1990-2007), dite période abstraite thématique.
Cette exposition fut saluée par de nombreux compliments, extraits du livre d’or.
Citons :
“On se demande ce qu’il faut le plus admirer : la maîtrise des techniques (a-t-on jamais vu de telles gouaches ?), l’invention de formes toujours différentes, le mariage et l’harmonie des couleurs, les audaces, tout est “plaisant“ même quand l’inspiration est puisée dans les catastrophes.” (AW)
“Le sens de la beauté, de la jeunesse et du moderne… Excellent” (GdB)
“Beaucoup de lumière et de légèreté même lorsque les sujets sont tragiques, Huchard est une artiste d’une grande sensibilité qui mérite d’être connue après avoir été une femme exceptionnelle….” (DP)
“Chaque tableau est une ouverture sur le monde, la vie, les émotions. Magnifique” (VH)
EXPOSITIONS PARTICULIÈRES DE PEINTURE (HUILES – GOUACHES – TAPISSERIES)
Paris
Courbevoie
Clermont-Ferrand
Orléans
SALONS OU EXPOSITIONS DE GROUPE (VERRE GRAVÉ – HUILES – GOUACHES – TAPISSERIES)
Paris
Salon des Artistes Décorateurs,
Salon des Artistes de ce Temps
Salon de l’Imagerie,
Salon de la Marine,
Salon des Indépendants,
Salon des Arts du XIVème arrondissement.
Autres régions
Salon de Fontaine-le –Fleury
Salon de Bourg-la-Reine,
Salon des Arts à Taverny,
Maison des jeunes à Versailles,
Galerie Adop à Chaville,
Salon de l’Ile de France,
Salon de la SLAO à Orléans,
Salon des Artistes Orléanais,
Salon des Artistes d’Auvergne à Clermont-Ferrand,
Salon à Chamalières,
Salon des Métiers d’Arts à Issoire,
Salon d’Hiver à Lyon.
Etranger
Salon de l’Art contemporain France Washington à Washington.
HENRIETTE HUCHARD OBTINT DE NOMBREUX PRIX ET MÉDAILLES POUR SES ŒUVRES ET SON PARCOURS
Citons notamment les prix et médailles suivants :
- Premier prix de ronde-bosse et de décoration aux concours généraux de la Ville de Paris,
- Médaille des Beaux-Arts,
- Prix d’Encouragement à l’Art et à l’Industrie au Salon des Artistes Décorateurs de Paris,
- Prix du Trophée sportif au Salon de l’Imagerie,
- Plusieurs médailles de peinture de la Ville de Paris,
- Plusieurs prix de peinture dans les salons d’Ile de France et en Auvergne,
- Palmes Académiques,
- Médaille de Vermeil Arts, Sciences, Lettres de la Société Académique de Paris,
- Médaille d’Argent de l’Académie des Sciences, Belles Lettres, Arts de Clermont-Ferrand
- Prix de la ville de Clermont-Ferrand,
- Prix de la ville de Chamalières
Sélection d’œuvres primées
- Jeu d’échec en verre gravé primé au Salon des Artistes Décorateurs, Paris – 1939
- Trophée pour l’Aviation en verre gravé, primé au Salon de L’imagerie, Paris (années 40)
- Décoration sur aluminium (2 panneaux 7mx3m) pour le Salon Touriste du Paquebot France -1971
- ”Villademat“ gouache, prix de peinture Ville de Paris – 1978
- Tapisserie ”Fontaine de Plauzat“, prix Camille Vigouroux Ville de Clermont-Ferrand – 1979
- “L’Epave” gouache, prix de peinture Ville de Paris – 1981
- Tapisserie “La Vie”, prix de la Ville de Chamalières – 1986
- “Les Cerisiers” huile, prix de peinture Ville de Fontaine-le-Fleury – 1987
PRESSE – TÉMOIGNAGES
“…toute mon admiration pour votre travail qui aboutit à un art à la fois très fort et très délicat” (CJ)
“Son travail sur verre gravé est impressionnant et unique. ” (CB)
“Silences stylisés :
Une gouache d’Henriette Huchard, c’est d’abord une étoile, un cri lumineux et intense arraché à la nuit. Cette croix malicieuse a l’imaginaire facile et sait inventer mille contextes ou imposer sa raison d’être. ” (J-BE)
“La gouache n’est pas une matière facile à travailler. Pourtant, Henriette Huchard avec un remarquable talent de coloriste, en tire sensibilité et subtilité”. (La Montagne)
“Eglises, clowns, plages, châteaux, paysages d’Auvergne ou de Méditerranée, mannequin nu, Reine de Saba parée comme une idole, toutes ses compositions illustrent son panthéisme particulier…..C’est ce qui fait la richesse imprévue de ses tableaux. Leur beauté stricte et ambiguë. En même temps très simple et mystérieusement complexe. Statique et itinérante. Gracieuse et tragique. Datée, intemporelle….” (Ferny Besson)
“Ses œuvres ont une grande présence, largement scandées par des lignes de force essentielles souvent d’un caractère géométrique mais jaillissantes, pleine d’élan et de vie….” (Vision sur les Arts)
“Après un long travail de figuration, Henriette Huchard a trouvé dans l’abstraction un mode accompli d’expression. D’où cette profusion de gouaches et collages aux rythmes jaillissants et inédits, aux harmonies à la fois fulgurantes et subtiles. Le thème n’en est pas absent et s’indique par quelques signes figuratifs. ” (AL)
“Peinture inventive, poétique, pleine d’humour“ (MPE)